mardi 17 septembre 2013

LA SERVITUDE VOLONTAIRE AU XXIème SIECLE

      LA SERVITUDE VOLONTAIRE AU XXIème SIECLE
1.    INTRODUCTION
Ce court essai est un brouillon qui à ce jour manque d’exhaustivité, de cohérence conceptuelle et de style. Il s’agit plutôt d’intuitions confirmées ou non par des lectures qui ont été mises sur le papier au il du temps comme des graines jetées dans un jardin en attendant de voir pousser des plantes, de les tailler et de se débarrasser des mauvaises herbes pour tenter de donner forme à l’expression d’une sensibilité dans une vision du monde. Il a pour vocation première de clarifier mes idées et sans doute de libérer quelques tensions vis-à-vis d’un système socio-économique qui me semble être d’une injustice absurde. C’est cette intuition d’absurdité et de ce que Jacques Duboin nommait « la misère dans l’abondance » que j’ai tenté de développer et c’est une intuition qui part aussi des prévisions d’économistes come Keynes qui prévoyaient un mode qui intuitivement aurait dû arriver mais dont l’absence paraît de plus en plus étonnante à mesure que le progrès technique et la productivité qu’elle permet se développe. Comme son titre l’indique, cet essai pourra être lu en complément de l’ouvrage de La Boétie puisqu’il tentera de dégager quelques idéologies communément partagées dans notre société (ceci dit je n’ai pas relu cet ouvrage depuis longtemps). Quant aux idéologies de l’auteur, elles sont les plus difficiles à déceler parce que bien souvent cause de souffrance mais cet essai n’est pas introspectif et si, dans les idéologies décelées, le point de vue a de l’importance, observer une idéologie depuis une certaine perspective comme observer un objet depuis une certaine perspective n’empêche pas l’objet d’exister. J’espère faire évoluer cet essai vers plus de rigueur conceptuelle mais aussi vers plus de puissance en tentant d’ancrer les pensées aussi profondément que possible dans le terreau de l’expérience sensible par la métaphore. En effet, il me semble que la pensée d’un homme pour élever ses branches aussi loin que possible vers la lumière de l’Absolu doit planter ses racines aussi profondément que possible dans l’expérience sensible. La pensée sans expérience sensible tourne à vide dans une axiomatique de calculatrice aussi froide que les machines qui tentent de nous robotiser. C’est là la honte prométhéenne, celle de ne pas être un ordinateur efficace, un parfait techno-gestionnaire à haut qi et faible sensibilité de la grande machine-monde. Mais quiconque a un peu de sensibilité et de culture sait que le génie humain célébré par les philosophes comme Kant ou Schopenhauer et par les scientifiques comme Einstein et Bohr réside dans la pense profonde, celle qui relie le cerveau reptilien au néo-cortex, c’est-à-dire la sensibilité au concept par le biais de l’imagination dans un jeu de concaténations et d’arborescences qui produisent la vie intérieure de l’homme. La preuve de cette définition du génie humain est donnée chaque jour par les progrès de l’intelligence artificielle qui minent la prétention à la supériorité de la logique depuis les premiers logiciels d’échecs. Voici donc un texte qui revendique sans honte prométhéenne et avec fierté humaine de plonger ses racines dans la souffrance et la compassion. C’est donc aussi la pensée d’un tempérament mystique qui pense comme Whitehead qu’il faut aller à l’intérieur avant d’aller au-delà, c’est-à-dire rentrer en soi par la souffrance afin de reculer et de prendre de l’élan pour mieux sauter et transcender sa conception du monde vers une nouvelle conception plus vaste et plus profonde qui incorpore la précédente. La pensée doit d’abord être vécue dans la chaire avant d’être formulée non pas par romantisme, par nietzschéisme mais simplement parce qu’il s’agit là du seul processus créateur possible alors que la conceptualisation désincarnée est une reformulation tautologique d’axiomes que l’on doit laisser aux machines. Le rôle de l’homme de formuler des axiomes issus de sa sensibilité et pas de déduire des théorèmes, laissons cette tâche aux machines.
Le préalable de cet essai est donc ancré dans la sensibilité. La pensée part non seulement d’un sentiment d’injustice socio-économique  mais surtout d’injustices socio-économiques absurdes et indécentes dans une société qui produit tant de richesses grâce à sa technique. Après avoir éprouvé ce sentiment, j’ai donc lu des livres afin de trouver des éléments de réponse à cette injustice absurde. (L’expression « injustice absurde » peut paraître sotte et peut-être l’est-elle mais elle envoie à ce que Jacques Duboin nommait « la misère dans l’abondance ». Il me semble qu’il peut y avoir des écarts de richesses justifiables afin d’encourager les hommes les plus doués pour les affaires et surtout les plus intéressés à la fois par les affaires et l’argent qu’elles procurent à gagner plus d’argent. Ce texte n’est donc pas fondamentalement contre le libéralisme mais il est contre un système d’ailleurs assez peu libéral, qui produit des écarts démesurés de richesses qui dans ces proportions n’ont pour seul bienfait que la vanité des oligarques dans une possession de sommes complètement inutiles et impossibles à dépenser.) J’ai trouvé des éléments de réponse dans les livres que j’ai lu mais je n’ai pas trouvé d’articulation  de ces éléments de réponses qui me convienne totalement et c’est ce qui m’a amené avec mes modestes compétences à tenter de fournir moi-même une telle articulation. Les Cette articulation doit selon moi en s’organisant autour du thème fondamental de la technique puisque les ouvrages de Jacques Ellul m’ont convaincu du rôle fondamental joué par la technique.  Voici donc les thèmes que j’ai tenté d’articuler :
-          Le thème central de la technique a été développé en s’appuyant sur les réflexions d’Ellul, Anders, Stiegler, Heidegger, Marx, Schumpeter, Kurz, Postone, Gehlen,
-          Une réflexion sur l’idéologie et sur l’anthropologie est analysée en prenant en compte les ouvrages de La Boétie, Ellul, Chomsky, Marx, Veblen, Poloniy, Latouche,…
-          Une réflexion sur La démocratie qui a disparu au profit d’une oligarchie et j’ai pu trouver des éléments de réponses dans les ouvrages de Veblen, Galbraith (père et fils), de Ellul, Manin, Chouard,…
-          Une réflexion sur la répartition des richesses en me référant à Marx, Keynes, Veblen, Galbraith, Allais, Payne, Sauvy, Bryjolfsson,…
-          Une réflexion portant sur le travail et s’appuyant sur Ellul, Gorz, Kurz, Marx, Aristote,…
-          Une réflexion diachronique afin de comprendre la généalogie de notre structure socio-économique en lisant Marx, Kurz, Ellul, Braudel,…
Autant le dire tout de suite, je ne parviendrai pas à réaliser une articulation claire ce ces thématiques tant le sujet est complexe et j’espère seulement proposer des pistes de réflexions et des correspondances entre des analyses qui m’ont souvent parues dispersées chez de nombreux penseurs à l’exception de Ellul qui reste la principale référence de cet essai. Je terminerai mon analyse par une liste de solutions pragmatiques qui ne résoudront pas totalement les problèmes évoqués mais offriront une résolution partielle en amenant plus d’avantages que d’inconvénients pour le bien commun, ce qui n’est pas difficile dans une société orientée essentiellement vers la satisfaction des besoins d’une oligarchie dont les besoins divergent de ceux de la majorité de la population. La conclusion de cet essai est que la mesure fondamentale à mettre en place en priorité est le revenu de base puisque c’est celui-ci qui pourrai augmenter le niveau de conscience politique et réduire la tendance du système à évoluer vers toujours plus d’inégalité, d’oligarchie et de tensions socio-économiques. Cette analyse est basée sur l’impact de la technique mis en exergue par un penseur de la technique comme Ellul mais aussi par des marxiens comme Kurz et des libéraux comme Brynjolfsson qui ont réfléchi à l’impact de la technique. Il me semble en effet important d’analyser les convergences entre des penseurs partant de paradigmes et de points de vue différents. Mais encore une fois, tout système de pensée, aussi complexe soit-il part d’une intuition et cette intuition est celle de la misère dans l’abondance décrite par Duboin. C’est aussi l’intuition de Keynes lorsqu’il prévoyait que l’homme du début du XXIème siècle ne travaillerait que très peu grâce à l’automatisation. C’est de cette intuition que je suis parti pour tenter de comprendre les autres anomalies aussi diverses et variées du système socio-économique que les inégalités croissantes, le déni de démocratie et l’obsolescence programmée. J’ai donc tenté de trouve une explication à ces phénomènes et j’espère que mes réflexions permettront à des individus plus doués que moi de développer des analyses plus rigoureuses et plus convaincantes afin de sortir de la situation absurde dans laquelle nous nous trouvons.
Le capitalisme cherche l’augmentation des profits et le meilleur moyen, à long terme d’augmenter ces profits ( à court terme l’esclavage et le dumping salarial sont des moyens qui par ailleurs freinent le développement technique) est l’utilisation de la technique afin d’automatiser par la robotique et l’informatique lal création de valeur. Quand on automatise et qu'une part de plus en plus importante de travail devient superflu, les détenteurs de capitaux qui produisent plus doivent vendre leur produits. Il faut donc que la masse grandissante d'individus rendue superflue puisse consommer sans quoi
l'économie s'effondre. Il y a alors deux solutions. Une politique dans l'intérêt de la majorité de la population et donc du bien commun consisterait à redistribuer ces richesses produites, par exemple avec un revenu de base. Mais le problème de cette solution pour l'oligarchie est qu'elle
dominerait moins le reste de la population qui n'aurait plus ou peu à répondre à ses ordres et que l'oligarchie par conséquent perdrait son pouvoir. L'autre solution adoptée dans l'intérêt de l'oligarchie afin qu'elle conserve et augmente son pouvoir consiste, par besoin humain
de pouvoir et de domination, à utiliser cet argent pour demander à la majorité toutes sortes de services afin de maintenir la population dans un besoin perpétuel de travail et dans la peur de le perdre et
d'être en manque, comme une population droguée. Bien sûr tout le monde a l'illusion de profiter des services mais en réalité, plus l'individu est en haut de la pyramide et plus il profite de cette société de
service et plus il a du pouvoir dans cette société de service avec l'aspect anthropologique associé (donner des ordres, biens et services de prestige socio-économiques,...). Les moyens pour maintenir le
peuple dans cette addiction sont alors:
l'économie s'effondre. Il y a alors deux solutions. Une politique dans l'intérêt de la majorité de la population et donc du bien commun consisterait à redistribuer ces richesses produites, par exemple avec un revenu de base. Mais le problème de cette solution pour l'oligarchie est qu'elle
dominerait moins le reste de la population qui n'aurait plus ou peu à répondre à ses ordres et que l'oligarchie par conséquent perdrait son pouvoir. L'autre solution adoptée dans l'intérêt de l'oligarchie afin qu'elle conserve et augmente son pouvoir consiste, par besoin humain
de pouvoir et de domination, à utiliser cet argent pour demander à la majorité toutes sortes de services afin de maintenir la population dans un besoin perpétuel de travail et dans la peur de le perdre et
d'être en manque, comme une population droguée. Bien sûr tout le monde a l'illusion de profiter des services mais en réalité, plus l'individu est en haut de la pyramide et plus il profite de cette société de
service et plus il a du pouvoir dans cette société de service avec l'aspect anthropologique associé (donner des ordres, biens et services de prestige socio-économiques,...). Les moyens pour maintenir le
peuple dans cette addiction sont alors:
- Une fausse démocratie trahie par un système de représentativité acheté par le lobbying afin d'orienter les décisions politiques dans l'intérêt de l'oligarchie. Un système de deux parties qui prennent
toutes les mêmes décisions et font croire à une alternance en théâtralisant leur affrontement sur des points mineurs.
toutes les mêmes décisions et font croire à une alternance en théâtralisant leur affrontement sur des points mineurs.
- La création d'emplois publics pour aider cette création d'emplois qui n'existent plus.
- La privatisation de la dette des pays (pour offrir de bons placements aux détenteurs de capitaux) associée à une hausse d'impôt pour payer cette dette (les détenteurs de capitaux ayant accès à
l'ingénierie fiscale pour éviter de payer des impôts et les états étant obligés de créer des emplois pour amortir le chômage) et obliger la population à travailler plus.
l'ingénierie fiscale pour éviter de payer des impôts et les états étant obligés de créer des emplois pour amortir le chômage) et obliger la population à travailler plus.
- L'obsolescence programmée, symptomatique mais probablement encore marginale.
- La peur de la pauvreté et du déclassement en cas de perte d'emplois.
-La propagande médiatique (faux chiffres du chômage, focalisation sur la croissance, déviation des colères populaires sur tous les sujets permettant une prise de conscience de cette disparition du travail,...) afin d'entretenir une servitude volontaire idéologique internalisée,...
- Le diviser pour mieux régner, en général entre travailleurs pauvres et chômeurs afin d'amplifier l'idéologie du travail.
- Le sophisme (attaque personnelle,...) : dans le cas de la disparition du travail, il s'agit du sophisme des luddites qui est un bon argument mais qui sous-entend que l'on est contre le progrès et que ce fait historique valable à une période donnée est une loi fondamentale et éternelle de l'économie selon laquelle le progrès technique produirait toujours plus de travail qu'il n'en détruirait.
L'ingénierie sociale permet de maintenir le niveau de chômage, d'aides, de salaires et d'impôts adéquats mais pas éternellement et quand la pression monte et que la société arrive à une température
d'ébullition, le problème est que la seule possibilité de dévier la colère arrivé à un certain point est de favoriser les extrêmes, ce qui va malheureusement arriver (il va être intéressant de voir comment avec l'accroissement de la productivité, l'oligarchie a devoir inventer d'autres moyens de plus
en plus absurdes (même si l'obsolescence programmée et la barre très haut dans ce domaine) afin d'obliger les gens à travailler.
d'ébullition, le problème est que la seule possibilité de dévier la colère arrivé à un certain point est de favoriser les extrêmes, ce qui va malheureusement arriver (il va être intéressant de voir comment avec l'accroissement de la productivité, l'oligarchie a devoir inventer d'autres moyens de plus
en plus absurdes (même si l'obsolescence programmée et la barre très haut dans ce domaine) afin d'obliger les gens à travailler.
Donc finalement la soif de pouvoir a au moins autant d'importance que la technique dans l'origine de ce choix de société. Et c'est ce choix de société qui a empêché l'avènement du futur prédit par Keynes. Mais si le peuple accepte un tel système social qui est en défaveur de la société c'est principalement par l'internalisation d'une idéologie (servitude volontaire) du travail qui a pour origine la technique.

A noter que plus une servitude est forte et plus elle est volontaire et ancrée profondément en miroir dans l'inconscient collectif et l'inconscient des individus de la société. Nous sommes tous esclaves
d'idéologies et le processus de libération consiste à passer de la servitude volontaire à la servitude involontaire, c'est à dire forcée puis à la liberté.

A noter que plus une servitude est forte et plus elle est volontaire et ancrée profondément en miroir dans l'inconscient collectif et l'inconscient des individus de la société. Nous sommes tous esclaves
d'idéologies et le processus de libération consiste à passer de la servitude volontaire à la servitude involontaire, c'est à dire forcée puis à la liberté.
La réflexion d'Ellul rejoint celle de Anders sur la honte prométhéenne de l'homme qui souhaiterait devenir une machine et être efficace comme les machines qu'il utilise. Cette honte prométhéenne par rapport à la machine est une honte par rapport au travai où l'homme souhaite incarner le cadre dynamique idéal. C'est de là que part le renversement, ce n'est plus la machine qui sert l'homme ou le travail qui sert l(homme mais l'homme qui sert la machine et le travail. Ellul par goût polémique aimait utilisait la phrase des camps de concentration :"le travail rend libre".
2.    PREALABLE PHILOSOPHIQUE
Cet essai s’inscrit dans une quête philosophique au sens général du terme, c’est-à-dire au sens d’un homme cherchant un peu plus de sagesse et qui a tenté de développer une philosophie peu technique et très modeste en s’appuyant principalement sur les philosophes (Schopenhauer et Wilber) qui partageaient le mieux ses intuitions. Einstein, un disciple de Schopenhauer, disait qu’il jugeait un homme à sa capacité à s’éloigner de son égo. Schopenhauer faisait remarquer que les mystiques, de quelques traditions qu’ils soient, disaient la même chose. Comme des guides de haute montagne qui tentent de s’élever vers la sagesse, ils se croisaient de plus en plus à mesure qu’ils se rapprochaient du sommet. Ce sommet, cette pierre philosophique est l’union avec un esprit universel que chacun doit faire éclore en soi comme une fleur qui s’ouvre. Si je me permets de telles métaphores que mes piètres qualités de poète ne permettent pas d’élever, c’est parce que le discours pénètre mieux l’esprit lorsqu’il remonte à ses racines jusqu’aux intuitions les plus immédiates. Cette convergence de pensée observée chez les plus grands philosophes et les plus grands mystiques de toutes les traditions spirituelles de l’humanité, Rudolf Otto l’a aussi souligné dans son ouvrage « Mystiques d’Orient et d’Occident » mais c’est le philosophe Ken Wilber qui a donné à cette analyse sa forme la plus élégante en s’inscrivant dans la tradition de Schopenhauer. Je ne m’étendrai pas sur la philosophie de Ken Wilber et je laisse le lecteur curieux se renseigner à ce sujet. J’aimerais cependant que le lecteur garde à l’esprit que cette philosophie dite intégrale cherche avant tout à donner à l’esprit une cartographie du savoir humain et qu’après un effort nécessaire afin de se familiariser avec cette philosophie, cette cartographie est utile pour se repérer dans le monde des idées et possède une élégance indiscutable.
 
Toute réflexion politique présuppose un ensemble de valeurs afin de juger que la société doit évoluer dans une autre direction. Ces valeurs, je les emprunte aux mystiques en m’appuyant sur le constat déjà réalisé par plusieurs penseurs (Schopenhauer, Wilber) d’un système de valeurs universelles que partagent les mystiques, de quelques origines qu’ils soient. Le mysticisme, dans l’idée de l’union avec le divin ou avec le kosmos, suivant qu’il soit d’origine religieuse (Eckart, Al Hallaj, Nargarjuna) ou philosophique (Plotin, Schopenhauer, Wilber, Aurobindo) amène à reconnaître le divin en chaque être dans une nuion au-delà du monde des formes. Il consiste donc en un développement de l’empathie et par conséquent en une compassion pur autrui. Si le mysticisme dépasse le dualisme entre le monde pensée spirituelle et l’intuition sensible dans un mouvement permanent entre une ascension par la sagesse et une union vers l’un et une descente par la compassion vers le multiple. Un mysticisme qui ne ferait que s’élever et que Plotin a dénoncé dans sa lettre aux gnostiques est aussi problématique qu’un libéralisme, qu’un darwinisme social et plus généralement que le matérialisme issu des lumières qui nieraient tous les liens entre les individus. C’est cette harmonie entre le libéralisme et le socialisme, la liberté et l’égalité, les différences entre les hommes et leur unité spirituelle, l’enracinement local et l’universalisme que je nomme l’union non-dualiste entre l’ascension dans le monde spirituelle et la descente dans le monde sensible. Plotin nous a ouvert la voie philosophique de cette union et Aurobindo nous a ouvert à la fois une voie philosophique et une voie politique dans son nationalisme spirituel. A défaut de trouver une explication plus satisfaisante, j’utiliserais la métaphore de l’arbre qui doit d’autant plus plonger ses racines profondément dans le onde sensible qu’il doit élever ses branche dans le monde spirituel c’est-à-dire en termes politiques, il n’y a pas non plus de contradiction impossible à résoudre entre l’enracinement local dans un terroir et un universalisme humaniste, de même qu’il n’y a pas de contradiction impossible à résoudre entre la liberté et l’égalité et que les deux peuvent être approfondis comme le revendiquait Aurobindo en s’inspirant de la révolution française et en s’appuyant sur la fraternité, de même qu’entre le polythéisme et le monothéisme, l’immanence et la transcendance. Cette réconciliation n’est pas seulement philosophique ou théorique, elle est aussi pratique et se traduit concrètement par des principes tels que le revenu universel pour allier le meilleur du libéralisme et le meilleur du socialisme et la démocratie directe avec un principe de subsidiarité afin d’allier le local et l’universel et, selon les termes de Ellul, de penser globalement pour agir localement.
La question de la connaissance est probablement la question centrale de la philosophie. Il ne s’agit évidemment pas de répondre à cette question ici mais encore une fois, de proposer des outils intellectuels pour penser cette question plus clairement. Ceux qui ont plus réfléchi que moi à cette question trouveront probablement peu d’intérêt à ces développements mais je les invite à me faire part de mes erreurs. La question épistémologique a généralement été traité dans l’histoire de la philosophie par une dialectique entre l’empirisme dont le modèle est celui de Hume et l’idéalisme dont le modèle est l’empirisme fondamentale de Kant. Je ne possède pas moi-même les compétences et les capacités pour résoudre un tel sujet mais j’ai la conviction que la question a toujours été mal posé et que les penseurs allemands après Kant se sont rendus compte de ce manque de clarté et ont par tenté d’y répondre en traitant de l’évolution dans le temps de l’esprit (Hegel, Schelling). Par rapport à ces penseurs, nous avons l’avantage de pouvoir utiliser les concepts du darwinisme. Sous la perspective du darwinisme, les modèles de l’idéalisme ne semblent plus appropriés puisque le cerveau de l’homme est limité par son appartenance au règne animal et a évolué pour s’adapter à son environnement. L’empirisme aussi ne semble pas approprié puisque le cerveau de l’homme a été formé par des millénaires d’évolution et que notre pensée est limitée par ces contraintes de l’évolution. Il nous est ainsi impossible de penser intuitivement dans plus de trois dimensions, dans un espace non-euclidien ou dans une logique non-aristotélicienne. Il faut cependant constater que plus le cerveau de l’homme a évolué, plus ses capacités d’abstraction se sont développées et plus il a pu se libéré des déterminismes de son adaptation à la vie sur Terre. On peut aussi scinder l’épistémologie selon le couple synchronisme/diachronisme et se référer à l’ouvrage de Rougier intitulé « traité de la connaissance » afin d’étudier le synchronisme issu du cercle positiviste ou alors se référer à l’ouvrage « Etudes épistémologiques » de Piaget afin d’’étudier la version diachronique de l’épistémologie. Ce qui m’importe ici n’est évidemment pas de fournir des éléments de réponse à ces considérations philosophiques mais de tenter de convaincre de l’utilité de l’outil conceptuel du holon pour les questions épistémologiques. Le premier intérêt est de remettre le positivisme à sa place, c’est-à-dire aux quadrants droits, objectifs du holon. Le quadrant supérieur droit représente le positivisme atomiste et le quadrant inférieur droit, le réductionnisme plus subtil des formes variées de théories des systèmes. Les limites du monde objectif tiennent à la forme du monologue, à l’opposé du dialogue avec une personne. Ainsi, si j’étudie le cerveau d’une personne, je pourrais connaître ses ondes cérébrales, la cartographie IRM de son cerveau, les concentrations de neurotransmetteurs mais je ne pourrais jamais connaître la personne, ce qui nécessiterait un dialogue. Le problème est le même pour les quadrants inférieurs avec l’infrastructure et la superstructure d’une société pour reprendre Marx. L’épistémologie, pour les gens comme moi qui manquent de compétences à ce sujet pourtant fondamental, peut devenir plus claire grâce au concept de holon. Pour connaître, il faut un sujet, un objet et une méthode. Nommons 1p (1ère personne) le quadrant personnel subjectif, 2p le quadrant collectif subjectif et 3p le quadrant objectif. La méthode scientifique hypothético-déductive est alors un sous-ensemble de l’ensemble des méthodes épistémologiques, à savoir la méthode 3p-3p-3p (le sujet objectif étudie avec une méthode objective un objet objectif). C’est la méthode la plus puissante et c’est celle qui a fait le plus avancer les civilisations pour la raison qu’elle est cumulative et que l’on peut plus facilement « monter sur les épaules des géants ». Mais il ne s’agit pas de la seule méthode. Si je discute avec un ami, il faut que mon espace intérieur corresponde avec son espace intérieur et que j’applique alors une méthode plus intuitive à la première personne. Pour des développements à ce sujet, le texte suivant est intéressant : (http://www.hudsoncress.net/hudsoncress.org/html/library/buddhism/Wilber,%20Ken%20-%20Excerpts%20from%20Volume%202%20of%20the%20Kosmos%20Trilogy.pdf). 
Cette épistémologie permet ainsi la distinction entre la première personne (le Beau, la critique de la faculté du juger), la seconde personne (le Bien, la critique de la raison pratique) et la troisième personne (critique de la raison pure). A noter que dans la distnction entre le subjectif (noumène) et l’objectif (phénomène) , la troisième personne correpond à l’objectif et que dans la distinction entre l’un et le multiple, la troisième personne est elle-même scindée entre l’objectif appliquée à l’un (positivisme classique) et l’objectif appliqué au multiple (objectivisme subtil dont le modèle est la théorie des systèmes). Le subjectif répond à une logique de dialogue tandis que l’objectif répond à un objectif de monologue. Cette épistémologie peut servir de cartet afin de placer des penseurs tels que Freud, Jung, Husserl et Heidegger dans le quadrant supérieur gauche (première personne – l’un subjectif) ; Habermas, Gadamer, Levis-Stauss dans le uadrant inférieur gauche (seconde personne – le multiple subjectif) ; les théoriciens des systèmes comme Bartalanffy ou les sociologues positivistes comme Comte dans le quadrant inférieur droite (troisième personne – le multiple objectif) et enfin les scientifiques classiques (Neton, Einstein,…) dans le quadrant supérieur droit (troisième personne – l’un objectif). A noter que très souvent les penseurs ont un centre de gravité dans un quadrant mais se situent sur plusieurs quadrants (Newton et Einstein dans les deux quadrants droits) et utilisent une dialectique entre plusieurs quadrants afin de développer leur pensée (Marx par exemple avec l’infrastructure du quadrant inférieur droite et la superstructure du quadrant inférieur gauche). Le holon peut alors être utilisé comme un outil efficace afin de clarifier les interactions entre les différentes approches qui se développent dans ces échanges.
En reprenant le schéma du holon, on peut caractériser le karma par l’intérieur du holon dans les quatre quadrants. Dans le quadrant supérieur droit, il s’agit des structures corporelles et cérébrales. Dans le quadrant supérieur gauche, des structures intellectuelles. Dans le quadrant inférieur gauche de structures culturelles de l’individu dans la société (religion, niveau d’instruction, idéologies, classe sociale,..) et dans le quadrant inférieur droit des structures matérielles d’une société (habitat, salaire,…). Les problèmes d’évolution à différents stades provoquent d’autant plus de difficultés que ces problèmes surgissent à des niveaux fondamentaux du développement. Ainsi un problème de développement au niveau du cerveau reptilien posera plus de difficultés qu’un problème de développement sur une zone superficielle du néo-cortex. De la même manière, un problème de développement à un niveau intellectuel sensori-moteur posera plus de difficulté qu’un problème surgi au niveau conceptuel. Le fait pour un sdf de ne pas pouvoir se loger et se vêtir posera plus de difficultés que l’absence d’un dernier modèle de smartphone. Des visions erronées du monde à des niveaux fondamentaux, par exemple fatalistes et pessimistes ancrées profondément poseront plus de problèmes qu’une fausse représentation de la théorie de la relativité générale. Plus les disharmonies sont profondes et nombreuses et plus elles prennent de l’énergie à l’Etre et empêchent son développement. La racine du développement intellectuel, la force qui pousse le holon à s’accroître selon ses quatre dimensions est le goût pour l’Absolu. C’est ce goût pour l’Absolu (qui entre en contradiction apparente avec la finitude de l’animal) qui pousse tout holon (atome, animal, homme) à la créativité par la résolution des tensions dans l’émergence de propriétés nouvelles. Le goût pour l’Absolu, c’est-à-dire le goût pour le Bien, le Beau, le Vrai, est d’autant plus élevé que l’individu est sensible (Encore une fois, il ne s’agit pas de faire une quelconque apologie de la sensiblerie ou du romantisme mais de constater de différences chez les hommes avec des individus plus ou moins sensibles et par conséquent plus ou moins idéalistes. Une sensibilité élevée et donc un goût pour l’Absolu puissant sont souvent des handicaps dans la vie pratique puisqu’il est difficile d’aller contre la nature et que pour prendre une métaphore Schopenhaurienne, la volonté de l’homme chevauche alors un cheval sauvage qui n’en fait qu’à sa tête et n’écoute pas la volonté). De mémoire, Whitehead utilisait la formule « within and beyond », c’est-à-dire à l’intérieur et au-delà. On pourrait utiliser la formule « reculer pour mieux sauter ». Ainsi lorsque sur le plan intellectuel l’individu arrive à des contradictions, il est obligé d’examiner en détail les principes fondamentaux sur lesquels s’appuie sa réflexion afin de résoudre le conflit conceptuel, généralement par un saut vers un nouvelle interprétation, un nouveau paradigme. Cette démarche se produit dans les quatre dimensions ontologiques de l’Etre. Au niveau psychologique (quadrant supérieur gauche), l’individu se trouve devant une crise existentielle et est souvent obligé d’examiner les fondements de ses émotions en étudiant leur généalogie. Et c’est dans une clarification de ses émotions qu’il peut après avoir reculé sauter vers une nouvelle interprétation, une nouvelle représentation. L’Etre en tant que holon est attiré vers l’Absolu et est d’autant plus attiré vers ce point oméga que sa sensibilité est élevée. Ce conflit entre la finitude de l’Etre et l’attrait pour l’Absolu crée une souffrance. De la souffrance naît un retour vers les fondements de l’Etre dans ses quatre dimensions. Et de cette clarification des fondements, de ce recul à l’intérieur peut suivre un saut créatif qui va rapprocher l’Etre du point oméga. L’Etre, par ces crises existentielles dans ses quatre dimensions se rapproche de l’idéal par sauts quantiques et augmente à chaque saut sa sensibilité. Le but de l’Etre est de s’élever vers l’Absolu, vers la sagesse et cela n’est pas un hasard si les philosophes (Schopenhauer, Wilber, Otto) ont constaté que les mystiques suivaient des parcours variés ancrés dans leurs milieux mais délivraient les mêmes messages. Pour illustrer ces propos par une image, l’ascension de la montagne de l’Etre amène les randonneurs de haute altitude que sont les mystiques à se croiser plus souvent.
3.    LA TECHNIQUE
De nombreux paramètres entrent en jeu lorsque l’on tente d’analyser une société. Emmanuel Todd a démontré dans ses livres l’importance du type de cellule familiale qui structure la relation à autrui et la vision politique de l’être humain ainsi que les rôles joués par la démographie et le taux d’alphabétisation. On dit généralement que c’est l’économie qui prime sur la politique. Mon intuition, qui je pense est confirmée par la justesse des analyses de Ellul est que la technique a un rôle plus important que l’économie. Et cette technique n’a pas en soi un rôle plus important mais comme le dit Ellul, l’être humain a besoin de sacré et il a sacralisé la technique. Je pense comme Ellul que les idéologies économiques telles que celles de la productivité, du travail et de la croissance et plus généralement l’homo oeconomicus décrit par Dumont sont avant tout des conséquences de la révolution industrielle. Il y a alors un phénomène de honte prométhéenne décrit par Anders par laquelle l’homme cherche à être aussi efficace qu’une machine. Si la technique possède un rôle plus important que l’économie et que la politique, cela ne tient pas à une essence de la technique qui serait par nature plus importante. C’est l’homme qui partage avec les autres hommes une vision du monde et que cette vision du monde, ce système de valeur a mis la technique en haut de sa hiérarchie de valeur, rendant le reste secondaire. Comme une servitude est d’autant plus volontaire qu’elle est inconsciente, celle-ci est ancrée à mon avis plus profondément dans la structure mentale de l’homme que les idéologies économiques ou politiques. Nietzsche a déclaré Dieu est mort. S’il semble que cette phrase soit vraie, Heidegger a bien senti que la volonté de puissance a mis la technique à la place de Dieu, c’est-à-dire l’immanence à la place de la transcendance. L’histoire depuis les Lumières n’est alors comme l’a décrit Wilber qu’un processus de réduction de toute la vie subjective et inter-subjective de l’homme à une vie objective et inter-objective. Cette idole pourrait très bien être remplacée par une autre plus puissante encore que la technique. Il faut noter qu’à mesure que la technique évolue, l’idéologie évolue, passant par exemple d’une vision du monde mécaniste à une vision du monde fondée sur les ordinateurs. Par ailleurs, à mesure que la technique évolue, elle remplace les composantes les moins nobles de l’homme, nous permettant de mieux comprendre que le génie humain se situe dans la sensibilité et ses fruits (imagination, art, humour,…) que dans la force brute physique ou intellectuelle. L’homme et la machine co-évoluent, dans une robotisation de l’homme et une humanisation de la machine jusqu’à une fusion probable. A ce jour, je n’ai pas trouvé de meilleurs outils conceptuels pour me représenter l’action des différents paramètres sur la société que d’imaginer des analogies, soit avec un système de forces appliqué à un solide avec des forces de directions et d’intensités différentes, soit avec un système d’axiomes dont le champ des possibilités socio-économiques serait restraint par quelques axiomes fondamentaux de natures variés. Mais l’image qui me convient le mieux est celle du holon parce qu’elle m’aide à visualiser les différentes composantes d’une société et les processus de dialectique entre l’un et le multiple, le subjectif et l’objectif et cela me permet de visualiser la structure d’une société dans une perspective à la fois synchronique et diachronique. Bref, cela me procure une carte mentale me permettant de mieux visualiser la société. 
Lorsque des analyses partant de point de vue différents, pour ne pas dire opposés, à savoir les marxistes de la critique de la valeur (Robert Kurz,…) et les libéraux des universités américaines (Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee du MIT) parviennent aux mêmes conclusions, à savoir que l’on est arrivé à un stade où l’innovation technique détruit plus d’emplois qu’elle n’en crée, la nécessité de nouveau modèle basés sur le revenu de base et l’économie contributive est évidente. Le chômage est structurel depuis de nombreuses années et seuls les changements de méthode dans le calcul du chômage parviennent à le maintenir à un niveau de trois millions. L’erreur des luddites est devenue une idéologie dans le sens où ce constat historique sur une période donnée de l’histoire devrait nous inciter à la prudence quant à une fin du travail régulièrement annoncée mais il faut garder à l’esprit qu’il s’agit là d’un simple constat historique et non pas d’un axiome mathématique ou d’une loi fondamentale de la physique. En effet, aucune loi économique ne prouve que le progrès technologique crée toujours plus d’emplois qu’il n’en détruit et les dernières décennies tendent à prouver le contraire.
L’esclavage était un frein au développement technique durant l’Antiquité grecque, comme pouvait l’attester l’écart entre le développement scientifique et technique de cette société. Aujourd’hui, la mondialisation offre une main d’œuvre à bas coût qui freine le développement technique, la pression pour automatiser étant plus forte lorsque le coût du travail à automatiser est plus élevé. Mais ce ralentissement sur une période du processus d’automatisation va créer une accélération de l’automatisation dans les années à venir avec l’augmentation des salaires des pays en voie de développement, la hausse des coûts de transport et la hausse du niveau de formation des habitants des pays en voiei de développement qui offrent, particulièrement en Inde et en Chine des viviers de plus en plus importants d’ingénieurs capables d’automatiser à bas coût.
4.    L’IDEOLOGIE
Il n’y a pas de dichotomie, de discontinuité entre l’esclavage et la liberté mais seulement des degrés de libertés. A chaque fois que les murs d’une prison tombent, d’autres se dressent mais plus loin que les premiers et l’homme gagne un degré de liberté supplémentaire. Cette prison est principalement mentale et est constituée des idéologies qu’il faut sans cesse repérer dans un premier temps pour ensuite les dépasser avant que ne se dressent d’autres idéologies dans un processus sans fin où l’homme, malgré sa finitude, aspire à l’Absolu, c’est-à-dire aux catégories platoniciennes du Bien, du Beau et de Vrai.
Les quatre composantes de l’être humain en tant que holon sont indispensables au développement politique. Dans le quadrant subjectif individuel, la méditation, la réflexion et la culture permettent à l’homme de s’élever vers la sagesse des mystiques et d’augmenter par la même occasion le niveau de conscience de l’homme et par conséquent son niveau de sagesse et de compassion en dépassant ainsi le dualisme entre l’un et le multiple, c’est-à-dire entre le monothéisme et polythéisme, entre la transcendance et l’immanence. Mais peu importe l’explication théorique, ce qui est fondamental c’est que l’homme par des pratiques de réflexion et de méditation parvient, quelque soit sa culture d’origine, à prendre de la distance par rapport à son égo et à augmenter son niveau de compassion. Le détachement du moi passe souvent par la visualisation de ses émotions et de ses pensées comme autant de nuages défilant sous un ciel pur. Les similitudes de ces démarches sont évidentes même si, aujourd’hui encore, le manque d’étude scientifique nous empêche encore d’utiliser une précision scientifique afin de décrire ces changements évolutifs dans la conscience de l’homme. Cette élévation de la conscience humaine à une conséquence politique évidente puisqu’il serait impensable pour Maître Eckart ou Candrakata de partager l’idéologie nazie dans l’Allemagne des années 30. Le dogme inverse à celui de la compassion est le dogme de l’égoïsme qui se traduit sous des formes différentes telles que la volonté de puissance nietzschéenne, la cruauté sadienne, ou le darwinisme social. Il ne faut pas alors confondre le retrait en soi du mystique avec l’égoïsme qui peut être une dérive du mystique (lettre de Plotin aux gnostiques) mais le développement spirituel nécessite une dialectique entre le retour sur soi et le dépassement de soi, de la même manière que le développement politique nécessité une dialectique entre la tradition et l’universalisme. L’exemple du mystique politique Aurobindo, adepte du nationalisme spirituel est révélateur de ces dialectiques.
Dans cette analyse, la dialectique marxisme constitue un sous-ensemble entre les quadrants inférieurs droit (infrastructure) et gauche (superstructure). Mais les dialectiques entre les quatre quadrants sont nécessaires, de même que les dialectiques à l’intérieur de chacun de ces quadrants.
L’acte fondateur de la politique dans toute conscience humaine est la prise de conscience de cette prison idéologique dans laquelle il est prisonnier. De la même manière que Socrate s’élevait vers la sagesse philosophique parce qu’il savait qu’il ne savait rien, l’homme doit s’élever vers la sagesse politique et par conséquent vers la liberté en prenant conscience qu’il est un prisonnier. Etre libre, c’est savoir que l’on est un prisonnier et la formule selon laquelle on n’est jamais aussi libre qu’on fond d’une cellule est juste à de nombreux niveaux. Tout homme est un prisonnier mais pour parvenir à briser les murs de sa prison mentale, l’homme doit d’abord projeter la lumière de sa conscience sur ces mêmes murs sans quoi il se heurte à ces murs comme un aveugle. L’homme, avant d’être un animal pensant est un animal qui sent et sa pensée naît de sa sensibilité. Avant de comprendre cette servitude, il doit la sentir. Sentir cette servitude, c’est tout d’abord sentir des absurdités, des bugs dans la matrice pour reprendre la terminologie d’un film populaire inspiré par Wilber. La première intuition de l’homme doit être de se rendre compte qu’il ne possède qu’une liberté relative, c’est l’intuition de la liberté. La seconde intuition politique de l’homme en regardant le monde est celle de l’inégalité et elle a été formulée par Marx, par Orwell (la décence commune), par Duboin (la misère dans l’abondance). C’est une émotion naturelle qui naît en voyant une ferrari passer devant un sans-domicile-fixe. Cette seconde intuition est celle de l’égalité. La seconde intuition est celle du conflit apparent entre les deux premières intuitions. Les mystiques ont tous formulé une appartenance avec le monde, une possession d’une part du divin en eux-mêmes qu’ils partageaient avec les autres hommes. C’est ce que les chrétiens appelaient l’union avec Dieu ou ce que les bouddhistes appelaient voir à travers le voile de Maya, à travers le principe d’individuation et l’égoïsme. Les soufistes musulmans et les philosophes grecs platoniciens  comme Plotin tenaient le même discours. Cette réalisation est une acuité élevée de la sensibilité qui se traduit par l’empathie et la compassion. Dans l’idéal républicain, cette compassion pour dépasser la contradiction entre la liberté et l’égalité est la troisième intuition fondamentale, la fraternité.
L’acte pour s’affranchir des murs est un acte permanent, qui ne s’arrête jamais. Avant de tenter la difficile tâche dont mon esprit se sent incapable et qui consisterait à articuler les idéologies, je vais tenter de citer les briques fondamentales de ces murs, c’est-à-dire les idéologies que nous avons tous plus ou moins internalisés dans nos conscience.
Un pouvoir exercé par des moyens physiques évidents et par la force physique est un pouvoir de type faible. Un pouvoir subtile exercé au sein même de la conscience de l’esclave est un pouvoir de type fort puisqu’il rend plus difficile la prise de conscience de l’atteinte à la liberté de l’individu.
Cette idéologie consiste à faire croire que toute opposition a une idée A se traduit par une idée B, c’est-à-dire que non-A=B. Elle consiste aussi à faire croire que A et B sont des essences binaires et qu’il y a une discontinuité fondamentale entre A et B. Ainsi à l’idéologie du libéralisme s’oppose celle du libéralisme, à la gauche, la droite. Il existe une version particulière de celle idéologie qui consiste à choisir l’idéologie B de telle manière que l’on puisse discréditer toute alternative à A, c’est la célèbre formule « there is no alternative ». On choisit B tel que B soit impossible, c’est-à-dire que B n’a que des effets néfastes. On pose alors non-A=B et B=0.
Si le système politique assurait le bien du peuple, alors la population pourrait travailler seulement quelques heures par semaine pour vivre ensuite dans un confort agréable. Le peuple n’aurait besoin que de quelques heures de travail parce que, comme l’avait prévu Keynes, les gains de productivité sont si importants qu’il n’y a besoin désormais que de peu de travail humain. Cette situation prévaudrait en régime démocratique mais dans le régime actuel, le but principal de l’oligarchie est d’accroître par tous les moyens possibles ses richesses et par conséquent son pouvoir. Hors les richesses de l’oligarchie n’augmentent pas lorsque le peuple ne travaille pas et ce qui est plus grave encore, le niveau de conscience d’un peuple augment avec le temps libre. Puisque la majeure partie du travail effectué n’est pas nécessaire et n’améliore pas la qualité de vie de la population, on peut considérer que l’oligarchie a réussi une mise en esclavage subtile. Les moyens que l’oligarchie a utilisés sont les suivants :
Selon Platon, il fallait que l’écart des salaires soit de 1 à 3. La méritocratie ne justifie pas que des êtres humains puissent vivre des vies fondamentalement différentes et doit seulement encourager l’esprit d’entreprise. A cela il faut ajouter que la méritocratie du système capitalisme favorise généralement le court terme, l’immoralité et les jeux de concurrence à somme nulle alors que les créateurs qui créent de la richesse à long terme par de réelles innovations (inventeurs, artistes, scientifiques,…) sans détruire celle des autres par la concurrence bénéficient peu du système de la main invisible. Cette méritocratie est donc biaisée en faveur des lobbys les plus puissants et de la prédation à court terme généralement destructrice de valeur. Sans tomber dans l’excès inverse d’une économie dirigée ou planifiée, il faut donner des limites à la main invisible par différents leviers (taxes, protectionnisme, subventions,…) afin d’optimiser la création de valeur à long terme.
Cette opposition est une opposition idéologique et il n’est pas économiquement utopique d’être comme un économiste prix nobel, pour le libéralisme afin d créer de la valeur et pour le socialisme afin de la distribuer.
L’idéologie du darwinisme social détruit la compassion, l’empathie et la fraternité au sein d’une société. Le modèle du darwinisme social est en bas de la société le gangstar-rap et en haut de la société le spéculateur de Wall Street. Dans le darwinisme social, contraire au réel darwinisme puisque les animaux, très souvent s’aident, la société est atomisée et le but de l’existence devient l’ascension de la pyramide sociale. La prise de conscience politique vient souvent de la souffrance. L’internalisation psychologique de cette idéologie est telle que tout individu en bas de l’échelle sociale a intégré psychologiquement le fait de ne pas avoir le droit à la parole. Défendre son point de vue en tant qu’opprimé serait faire preuve de victimisation. Alors que les individus du haut de la pyramide défendent leur vision du monde et cette même pyramide qui les place en haut, les individus en bas de cette même pyramide sont psychologiquement incapables de défendre leur position. A toute plainte d’un homme d’en bas, l’homme d’en haut répond qu’il n’a qu’à travailler pour se hisser en haut. Mais cet argument présuppose une autre idéologie, à savoir qu’il est juste qu’un être humain parce qu’il a plus de chance et d’aptitude qu’un autre puisse vivre dans le luxe tandis que l’autre vit dans la misère.
Aucun homme n’est une île disait le poète Pope. La souffrance psychologique de l’homme a une composante socio-économique. Le système actuel a un coût externe élevé en favorisant des maladies physiques et mentales chez l’homme. Il a été prouvé que des mesures comme le revenu de base diminuent ces problèmes. 
Pour obliger les individus à travailler, il faut avant tout créer un climat de peur. Tout pouvoir doit être internalisé dans l’individu et la peur liée à la mise au banc doit régner dans son esprit afin de le rendre plus réceptif à la corruption et à la trahison de son être et de ses valeurs.
Les hommes sentent qu’il y a un écart anormal entre le niveau de productivité de la société et le niveau de vie potentiel qui devrait en découler avec le niveau de vie réel dont ils bénéficient. De cette prise de conscience naît une frustration et une colère. La stratégie des coupables et bénéficiaires de cette organisation sociale est de dévier la colère populaire vers des sous-groupes de la population tels que les émigrés ou les fonctionnaires.
Les émigrés sont des victimes du système et s’en prendre aux émigrés revient à céder à la stratégie oligarchique du diviser pour mieux régner. L’immigration est utilisée dans le cadre de la libre circulation des hommes, des biens et des capitaux et a pour principal objectif d’exercer un nivellement par le bas des salaires et des conditions de vie.
L’impôt sert essentiellement à payer une dette qui n’a aucune légitimité. L’oligarchie a imposé aux états de lui donner son pouvoir de création monétaire et de s’endetter auprès de l’oligarchie afin de contrôler le système de l’argent et d’investir son argent dans un placement sûr, la dette étatique.
La liberté est assimilée à la liberté de consommer. Il faut alors que tout soit consommable et l’idéologie libertaire est alors utilisée comme le cheval de Troie du libéralisme (Clouscard).
Une fois que les gains de productivité rendent possible une diminution de la quantité de travail productif, la société, plutôt que de réduire la quantité de travail, s’est orientée vers une société de service. La société de services est, dans les grandes lignes, une société de services rendus par les plus faibles aux plus forts, c’est-à-dire une société de maîtres et d’esclaves. Il s’agit pour les classes dominantes de jouir d’un différentiel de classe qui serait moins marqué dans une société où la quantité de travail baisserait et où les gains de productivité seraient redistribués par un revenu de base. 
La prise de pouvoir par la dette consiste simplement à remplacer la dette publique sans intérêt (sous De Gaulle) par une dette privée avec intérêt. La première dette profite au peuple, la seconde à l’oligarchie qui trouve un placement sûr.
Il s’agit d’utiliser les racines judéo-chrétiennes afin de justifier la souffrance au travail. L’individu ne travaille alors plus pour vivre mais vit pour travailler et le travail, dans une société où la solidarité s’est dissoute dans le l’idéologie du darwinisme social devient le seul accès aux revenus et à la société, c’est-à-dire qu’il devient l’alpha et l’oméga de l’existence humaine. Cette centralité du travail devient alors essentielle si l’on oublie que durant le moyen-âge, c’est-à-dire avant la montée en puissance du pouvoir de la bourgeoisie et donc de l’argent, il occupait une place secondaire (Gorz, LeGoff).
Si la distinction entre les deux formes de capitalisme est difficile, s’il existe des degrés de productivité et si une partie du jugement est subjective, il n’en demeure pas moins qu’il existe une part objective dans cette distinction qui peut se fonder sur des critères précis. Qui plus est, que l’on s’en remettre à un système de lobbying ou de main invisible (ce qui revient au même puisque les gagnants de la main invisible deviennent souvent à long terme les gagnants du lobbying par leur pouvoir financier), il existe dans tous les systèmes politiques une orientation des forces productives. Un critère très simple pour juger du degré de productivité d’une activité est le critère comparatif avec d’autres cette même activité dans un autre pays. Si je prends l’exemple du droit du travail français au moins dix fois plus volumineux que le droit du travail suisse, il s’en suit que le lobby du droit du travail français a créer une complexité artificielle qui a un coût pour la société. Il s’agirait alors par des calculs plus précis de calculer le coût externe d’un travail de la même manière que l’on peut calculer le coût externe d’une entreprise polluante.
L’idéologie de la démocratie est une forme d’idéologie binaire qui consiste à sous-entendre qu’il y a une essence platonicienne démocratique alors qu’il ‘existe que des degrés de démocratie. Cette idéologie permet d’empêcher une population de demander plus de démocratie. Une démocratie représentative ne peut être que faiblement représentative. Nous vivons réellement dans une oligarchie dans laquelle l’articulation entre l’argent et le politique se fait par le lobbying et la corruption des représentants du peuple. Le bien commun de la population n’est pas recherché et la politique consiste à assurer le bien d’une fraction de la population. 
L’idéologie du complot est de deux types. Il y a ceux qui voient des complots partout et ceux qui n’en voient jamais. Ce deuxième type d’idéologie est utilisé dans le sophisme classique qui consiste à discréditer l’interlocuteur. Il n’y a pas dans c texte de dénonciation d’un complot d’une oligarchie mais le simple constat d’une divergence de l’existence d’une oligarchie dont les intérêts ne sont pas alignés avec ceux du peuple.
5.    LA DEMOCRATIE
Etienne Chouard montre bien comment cette différence entre démocratie représentative et démocratie directe est fondamentale. Il insiste en disant que dès les fondements de la démocratie, les grecs ont insisté sur l’impossibilité d’une démocratie  représentative. Parler de démocratie représentative est déjà une terminologie orwelienne destinée à oublier cette contradiction. La plupart des théoriciens politiques comme Rousseau ont mis en garde contre le mensonge d’une démocratie représentative. Une solution pour remédier à ce problème est l’instauration du tirage au sort afin de réintégrer le peuple dans l’arène politique. Un tirage au sort progressif avec par exemple seulement 10% d’élus tirés au sort durant les premières années, un principe de subsidiarité pour traite en local tout ce qui peut l’être, une restriction du nombre de mandat à un seul mandat sont autant de pistes possibles pour sortir progressivement de la démocratie représentative.
Dans son ouvrage « the predator state », James Galbraith constate la corrélation entre le chômage et l’inégalité. Pour Galbraith, ces phénomènes sont similaires. Il prend alors l’exemple contre-intuitif de la comparaison entre l’Europe et les USA. L’argument officiel est qu’il y a plus d’inégalités aux USA mais moins de chômage qu’en Europe. Mais Galbraith précise qu’en réalité cette comparaison est fallacieuse parce qu’elle est faite non pas entre l’Europe et les USA mais entre l’Allemagne et les USA, la France et les USA,… Hors l’Europe est un marché commun et si on compare l’Europe aux USA, il y a à la fois plus d’inégalités et de chômage en Europe qu’aux USA.
L’argument principal opposé à la démocratie directe est celui de la complexité. Il faut bien comprendre que cette complexité est essentiellement artificielle et destructrice. Le but d’une démocratie directe, en redonnant le pouvoir au peuple et de rehausser le niveau de conscience du citoyen et de lui faire prendre conscience du caractère artificiel d’une complexité créée, comme cela est décrit plus bas pour justifier un système de lobbying et extraire la valeur productive des citoyens.
C’est une fausse opposition puisque l’être humain doit plonger d’autant plus profondément ses racines dans le local qu’il cherche à s’élever vers l’universel. Il n’y a donc pas de contradiction entre le nationalisme et une vision universelle de l’homme. De même, pour quiconque s’élève vers l’universel et pense que l’Absolu avec l’attrait pour le Bien, le Beau et le Vrai est en chaque être humain est présent à des niveaux de développement variés en chaque être humain ne peut accorder de primauté aux différences superficielles de couleur de peau, de langage, de culture mais peut très bien célébrer le génie de sa culture locale ou de son dialecte sans que cela entre en contradiction avec un universalisme spirituel. Quant à célébrer le génie d’une couleur de peau, cela semble aussi absurde que de célébrer le génie d’une couleur de cheveux ou de taille de pied. Une affinité qui se produirait pour une telle raison est spirituellement basse et l’homme qui penserait d’une telle manière ne doit pas être attaqué mais doit être encouragé par le dialogue à s’élever spirituellement.
La grande arnaque est ce que l’oligarchie cherche à cacher par tous les moyens possibles. C’est un vol, c’est le grand hold-up quotidien qui fait que chaque être humain devrait vivre dans le futur prévu par Keynes et ne travailler que quelques heures par semaine. Dans le chapitre précédent, j’ai précisé quelles sont les idéologies permettant de dissimuler cette arnaque comme la lettre volée de la nouvelle d’Edgar Poe. Ce vol est réalisé par le lobbying et principalement par le lobbying bancaire. Mais il est aussi réalisé par d’autres lobbyings qui trahissent le vol par une scholastique inutilement complexe, signe révélateur de l’existence d’une caste de lobbyste exploitant la complexité artificielle qu’ils ont eux-même créés afin de capter un maximum de richesse. Cette complexité permet aux oligarques d’éloigner le peuple de la politique et de cacher une arnaque derrière un jargon spécialisé.
La portion des métiers créant la richesse productive (essentiellement dans les secteurs primaires et secondaires) est de plus en plus faible. Il s’agit donc d’extraire cette création de valeur réelle par un processus de lobbying. Keynes pensait que dans le futur, les hommes travailleraient moins.
Mais ne peut-on pas attribuer à chaque métier une valeur d'utilité sociale (par exemple très faible pour un designer de yacht de luxe ou un spéculateur) et alors constater que la part des métiers à forte
utilité sociale sur la population de tous types de métiers diminue et que cette diminution est due à un effet de dissolution de la démocratie (malheureusement représentative) dans le lobbying
(https://twitter.com/hunterwalk/statuses/368797171954376704), phénomène probablement lié aux accroissements des inégalités ( dans l'ouvrage récent que je n'ai pas encore lu "le capital au XXIème sièclee", Thomas Piketty semble assez bien décrire cette montée des inégalités). On assisterait alors au vol du futur de Keynes que j'ai tenté de décrire par la métaphore suivante:

Lorsque seule une petite portion de la population produit ces biens, alors le processus de détachement entre les métiers producteurs de valeur et les métiers qui captent cette valeur par la prédation et l’expertise technique s’accroît. Ce système est lié au phénomène de lobbying. Prenons l’exemple de la construction d’une route qui nécessite le travail de mille personnes. Il y a un péage pour payer ces mille personnes et il faut payer un euro à chaque fois que l’on prend la route. Mais la construction d’une route nécessite aussi une expertise juridique. La valeur réelle de l’expertise juridique est de 10 centimes que devrait payer chaque consommateur au péage. Mais le lobby des juristes parvient à faire pression, à complexifier le droit de la construction de route, à rendre nécessaire un degré d’expertise qui ne l’était pas pour justifier de prélever non pas 10 centimes mais 1 euro. Les autres lobbys  (finance, environnement, fiscalité, marketing,…) procèdent de la même manière. A cause de ce système, le consommateur ne doit plus payer un total de 2 euros pour toute la route mais un total de 10 euros. Il devra alors travailler cinq fois plus. Au lieu du futur prévu du type de celui de Keynes dans lequel nous ne travaillerions plus qu’un jour par semaine, nous continuons à travailler cinq jours en dépit du progrès technique. Si le système fonctionne ainsi, c’est en partie par une idéologie du travail qui incite les politiques à prendre des décisions créatrices d’emplois mais surtout par corruption puisque au final les politiques iront terminer leurs carrières dans les lobbys qu’ils ont le plus aidé. Ce système fait gagner une partie infime de la population (lobbystes, travailleurs les plus rémunérés (parce qu'ils ont le meilleurs lobbys et non pas parce qu'ils apportent le plus de travail réel), politiques) au détriment de la majorité de la population. Pour rééquilibrer le système vers le bien commun, seule une démocratie directe redonnant le pouvoir au citoyen au détriment du lobby, c’est-à-dire à l’homme au détriment de l’argent pourrait alors résoudre le système. Il faudrait alors prendre en compte la question du coût externe du lobbying pour la collectivité qui peut être considérée comme une pollution au même titre que la pollution de certaines industries nécessite de prendre en compte leur coût externe.
Lorsque seule une petite portion de la population produit ces biens, alors le processus de détachement entre les métiers producteurs de valeur et les métiers qui captent cette valeur par la prédation et l’expertise technique s’accroît. Ce système est lié au phénomène de lobbying. Prenons l’exemple de la construction d’une route qui nécessite le travail de mille personnes. Il y a un péage pour payer ces mille personnes et il faut payer un euro à chaque fois que l’on prend la route. Mais la construction d’une route nécessite aussi une expertise juridique. La valeur réelle de l’expertise juridique est de 10 centimes que devrait payer chaque consommateur au péage. Mais le lobby des juristes parvient à faire pression, à complexifier le droit de la construction de route, à rendre nécessaire un degré d’expertise qui ne l’était pas pour justifier de prélever non pas 10 centimes mais 1 euro. Les autres lobbys  (finance, environnement, fiscalité, marketing,…) procèdent de la même manière. A cause de ce système, le consommateur ne doit plus payer un total de 2 euros pour toute la route mais un total de 10 euros. Il devra alors travailler cinq fois plus. Au lieu du futur prévu du type de celui de Keynes dans lequel nous ne travaillerions plus qu’un jour par semaine, nous continuons à travailler cinq jours en dépit du progrès technique. Si le système fonctionne ainsi, c’est en partie par une idéologie du travail qui incite les politiques à prendre des décisions créatrices d’emplois mais surtout par corruption puisque au final les politiques iront terminer leurs carrières dans les lobbys qu’ils ont le plus aidé. Ce système fait gagner une partie infime de la population (lobbystes, travailleurs les plus rémunérés (parce qu'ils ont le meilleurs lobbys et non pas parce qu'ils apportent le plus de travail réel), politiques) au détriment de la majorité de la population. Pour rééquilibrer le système vers le bien commun, seule une démocratie directe redonnant le pouvoir au citoyen au détriment du lobby, c’est-à-dire à l’homme au détriment de l’argent pourrait alors résoudre le système. Il faudrait alors prendre en compte la question du coût externe du lobbying pour la collectivité qui peut être considérée comme une pollution au même titre que la pollution de certaines industries nécessite de prendre en compte leur coût externe.
Ce phénomène de lobbying s’est accentué durant ces dernières décennies. Ainsi, si dans les années 70 seuls 3% des sénateurs et congressmen terminaient leurs carrières dans les industries de lobbying, ils sont aujourd’hui plus de 60%. Ce phénomène n’est pas nouveau et a été décrit par Veblen dans une formulation sans doute plus juste qui est celle de phénomène de prédation. Il s’agit pour ces catégories sociales prédatrices de s’accaparer les richesses créées par les catégories sociales productrices. Ici on se heurte à une première difficulté qui est celle de la distinction entre une activité productive et une activité prédatrice. Mais si cette distinction est difficile à réaliser, s’il y a une part de subjectivité dans le jugement, il n’en reste pas moins une part d’objectivité. Il convient ici de tenter une réflexion sur notre capacité à éliminer la part subjective. La recherche d’un consensus de la subjectivité qui est semblable au point oméga de la théorie de l’agir communicationnel de Habermas n’est pas à confondre avec une objectivité (pour reprendre l’analogie des quadrants, les partie subjectives et subjectives du holon sont bien distinctes). Par exemple en diversifiant un portefeuille d’actions, j’élimine la caractéristique des différentes compagnies et je me rapproche d’un investissement dans le marché (par exemple en France le CAC40) mais ce marché n’est pas objectif et il peut réagir à des mouvements irrationnels. J’utiliserai donc comme critère de productivité d’une activité sa situation dans la pyramide des besoins humains de Maslow. Il est ainsi objectif de constater que les activités de construction, d’agriculture répondant aux besoins de nourriture, de protection et de chauffage sont objectivement très utiles. Le second critère est un critère comparatif. Ainsi, si je compare le droit du travail en France et le droit du travail en Suisse, je constate que le droit du travail en France est dix fois plus volumineux. Je peux alors conclure non pas que le droit du travail français est mieux ou moins bien que le droit du travail suisse mais qu’il existe une complexité artificielle dans le droit du travail français. A chaque fois qu’il y a présence de complexité artificielle, c’est qu’il existe un phénomène de prédation par le biais d’un lobby qui justifie son existence en créant une complexité artificielle afin de dévier la richesse créée par les activités productives vers ces lobbys prédateurs. Je renvoie ici à la métaphore du chapitre précédent.
James Galbraith reprend la thèse de Veblen : « La société non-industrielle comprenait une classe de loisir : les guerriers, les prêtres,… Les capitaines d’industrie sont dans le prolongement de la caste des guerriers, ce qui explique le développement de beaucoup d’entreprises sur le modèle militaire La classe des loisirs ne travaille pas. Ils occupent des bureaux. » J’ajouterai que l’on pourrait dire qu’en tant que prédateurs ils sont eux-mêmes les principaux collecteurs de taxe sur les classes productives, ce qui est ironique sachant leur propension à se plaindre des taxes sur leur « travail ». Galbraith poursuit son raisonnement « Ils réalisent des rites d’honneur. Pour eux, le revenu n’est pas une compensation pour le travail ou les biens qu’il permettra d’acquérir. Le revenu est plutôt une attestation par la communauté du prestige accordé à son rang… La classe des loisirs est prédatrice par nature : la prédation est sa fonction… La relation prédateurs-proies est une relation d’interdépendance. Les prédateurs ont besoin des proies pour leur subsistance, mais ils doivent aussi motiver leur assistance… Don contrairement à Marx, dans l’analyse de Veblen les classes industrielles ne sont pas seulement maintenues au niveau de subsistance. Au contraire : le succès des prédateurs dépend de l’existence de proies bien payées. Il existe donc une classe de proies inclue dans les cercles prestigieux des prédateurs. Comme on fait comprendre à ces proies qu’elles sont privilégiées, elles ne sont pas révolutionnaires par nature.»
La société actuelle est très proche de celle décrite par Veblen et elle est bien plus proche de cette société qu’elle ne l’était au milieu du XXème siècle. Dans une société prédatrice favorisée par la mondialisation, la libéralisation des marchés, l’automatisation qui accroît les inégalités et la financiarisation de l’économie, l’analyse de Veblen est plus d’actualité que jamais. Le caractère prédateur de notre économie n’est pas à ce pas confondre avec une prédation libérale de libre-entreprise. Il s’agit d’une prédation de lobbying dans une collusion  de l’état et du secteur privé. Ces dernières décennies ont montré un exemple particulièrement révélateur de ce phénomène. Le phénomène internet
Le lobbying bancaire a un pouvoir central évident dans une société dominée par l’argent. Ce pouvoir s’est accru depuis la loi de 1974 en obligeant l’état à emprunter l’agent sur les marchés financiers en abandonnant son pouvoir de création monétaire. A ce pouvoir s’ajoute la spéculation en utilisant l’argent des déposants ainsi que le système fractionnaire ou la possibilité d’emprunter à taux faible aux banques centrales pour prêter à taux plus élevé. Mais ces thèmes ne sont pas l’objet de cet essai et seule la souveraineté monétaire ainsi que la séparation entre les banques de dépôt et les anques d’affaires sont centraux.
Ne sachant plus quoi inventer pour obliger les citoyens à travailler dans un contexte de gains de productivité, le système en vient à programmer elle-même l’obsolescence de ses produits. L’absurdité d’une telle mesure un aussi un signe, comme la complexité artificielle de certains jargons, d’une situation complètement absurde ou plus rien ne permet de justifier de telles quantités de travail.
6.    LA REPARTITION DES RICHESSES
La répartition des richesses est centrale dans l’analyse de Marx et a été étudié récemment dans l’ouvrage de Piketty intitulé « le capital au XXIème siècle ». Il y a plusieurs analyses possibles à cette évolution. Si on aborde le problème sous l’angle de la technique, celle-ci pousse en automatisant à concentre les richesses au sein d’une oligarchie en remplaçant l’homme par la machine. Piketty constate que seules les guerres mondiales ou de manière générale les grandes crises ont inversé ce phénomène lorsque les inégalités ont amené à des catastrophes telles que les oligarchies sont obligées de céder une partie de leurs richesses au peuple.
Dans chaque intuition il y a souvent une vérité cachée. Dans la gêne que procure l’ostentation du luxe, il y a comme dans la linguistique un rapport entre le signifiant, le produit de luxe, et le signifié, c’est-à-dire l’inégalité socio-économique. L’argument généralement utilisé pour justifier le luxe est qu’il crée des emplois. Mais cet argument est trompeur puisque si le luxe n’existait pas, les investissements et les forces de travail investies dans le luxe, c’est-à-dire au service de l’oligarchie seraient investis au service du peuple. Si à titre individuel certaines personnes du peuple peuvent bénéficier du luxe en ayant un emploi dans ce secteur, d’un point de vue global le peuple ne bénéficie pas de l’existence d’un marché du luxe. De plus, ce problème n’est pas seulement économique et la politique consiste aussi en la prise en compte de valeurs que j’ai centré sur la compassion et la sagesse des mystiques et ces valeurs sont incompatibles avec la vanité qui est le principal moteur de ce marché.
7.       LE TRAVAIL
Cette analyse de l’activité humaine par secteur d’activité a été abordé par Colin Clarck et J. Fourastié (the conditions of economic progress, 1940). Ainsi Colin Clark découpe les secteurs d’activité de la manière suivante:
- Le secteur primaire qui exploite les ressources naturelles.
- Le secteur secondaire qui transforme des biens matériels.
- Le secteur tertiaire qui produit des services.
Le secteur primaire a traditionnellement occupé la majorité des travailleurs en France. C’est depuis 1870 que le secteur ne regroupe plus la majorité absolue de l’effectif de la population active. Les gains de productivité ont été prodigieux dans ce secteur puisque le secteur primaire n’occupe plus que 3% de la population active alors que la France est un pays exportateur qui tient un rang important dans ce secteur.
-          Le secteur secondaire :
Le secteur secondaire emploie 24% de la population française active en 2003. Le thème de la désindustrialisation est un des thèmes clés du débat politique français contemporain. Si le maintien d’une industrie française est nécessaire, les débats politiques s’inscrivent généralement dans le court terme et ne semblent pas prendre en compte les tendances lourdes. Ainsi la population active travaillant dans le secteur secondaire est en Allemagne de 33% alors que l’Allemagne est le premier pays industriel haut de gamme. La France pourrait alors dans un scénario idéal augmenter de 10% sa population active du secteur industriel. Cependant un tel scénario est hautement improbable puisque l’Allemagne jouit d’une position extrêmement favorable et l’existence dans le monde sur le même continent de deux pays industriels aussi puissants est une impossibilité. En effet, l’Allemagne a profité d’un contexte caractérisé par la fourniture de machines-outils aux pays qui année après année fabriqueront de plus en plus par eux-mêmes ces machines. De plus elle a profité d’une situation de quasi-monopole au sein de la zone euro qui ne pourrait être envisageable pour la France étant donné la situation économique de la zone euro et l’impossibilité d’un monopole qui serait dans le meilleur des cas à partager avec l’Allemagne. Aussi, si l’automatisation du secteur secondaire a été ralentie grâce à l’émergence des pays en voie de développement, elle va s’accélérer dans les décennies à venir du fait d’une pression à la robotisation accrue lorsque les pays comme la Chine commencent à automatiser eux-mêmes leurs processus de production.
Cette évolution dans les secteurs d’activité rappelle une fois encore la formule de Chesterton pour qui «les vérités actuelles sont des vérités chrétiennes devenues folles». En effet, après que la force physique humaine ait été remplacée en grande partie dans les secteurs secondaires et tertiaires, de nombreux penseurs (Vickers, Gabor, Silbermann) ont pensé que le secteur tertiaire pourrait accueillir tous les hommes libérés du travail par la machine. Il convient alors de définir ce que l’on entend par le secteur tertiaire. Je fais dans cette thèse la séparation entre les activités analytiques pouvant être généralement remplacées par l’informatique à moyen terme (l’exemple du match entre Kasparov et l’ordinateur Deep Blue illustre bien l’application des tâches analytiques aux machines) et les activités sensibles. Je prends le parti de Schopenhauer et d’Einstein qui assimilaient le génie humain à la sensibilité, source de l’imagination, de l’empathie et de la créativité. Les activités du secteur tertiaire se composent généralement d’activités analytiques mais aussi d’une proportion plus ou moins élevée de ces activités sensibles que je nomme activités du secteur quaternaire. Ainsi définies ces deux secteurs, il est évident qu’à long terme, des proportions de plus en plus grandes du secteur tertiaire seront remplacées par les logiciels et qu’il ne restera plus qu’un secteur quaternaire.
Le secteur quaternaire tel que nous le définissons ici n'est pas le secteur habituellement défini comme étant quaternaire[5]. Il s'agit d'un secteur qui ne peut pas, du moins à court et moyen terme être remplacé par l'automatisation (robotique et intelligence artificielle). La robotique peut remplacer aisément l'effort physique humain et même les gestes de précision tels que les opérations de chirurgiens peuvent être remplacés par la robotique. L'intelligence artificielle et les logiciels peuvent remplacer des tâches intellectuelles complexes. Ainsi l'induction dans la recherche scientifique peut être remplacée par des logiciels qui trouvent des lois, c'est à dire des équations reliant des grandeurs physiques. De la même manière, la déduction et la démonstration de théorèmes à partir d'un système d'axiomes peut être réalisée dans les mathématiques grâce à des logiciels. Nous définissons le secteur quaternaire comme celui qui ne peut pas être remplacé par la machine. Ce secteur renvoie au génie humain tel qu'il a été défini par Schopenhauer, c'est à dire à la créativité. Il n'est pas certain que cette créativité ne puisse pas être remplacée un jour et dépassée par la machine. Cependant en ce qu'elle constitue le pic de l'expérience humaine et sa quintessence, il reste le plus difficile à remplacer même si nous n'excluons pas la possibilité que cette capacité de l'homme constitue le dernier bastion de son illusion quant à la place divine qu'il occupe dans l'univers après que Copernic et Darwin aient balayé les autres. Néanmoins nous considérons que la créativité, qu'elle s'exprime dans le domaine artistique ou dans le domaine scientifique constitue la quintessence du génie humain. Il convient alors de définir cette créativité. La créativité prend racine dans l'imagination qui elle-même prend racine dans la sensibilité selon Einstein et Schopenhauer. On peut vérifier que les individus les plus créatifs sont généralement des individus considérés comme hypersensibles et que leur imagination fonctionne d'une manière «synesthésique», les connexions neuronales entre des parties éloignées du cerveau étant plus fortes que pour la moyenne des individus. Les effets puissants de l'environnement stimulent la sensibilité qui elle-même stimule l'imagination et le sujet sous l'emprise de l'imagination tente de synthétiser ces données sous une forme plus ou moins dense selon ses capacités de synthèse. Le secteur quaternaire qui viendrait à remplacer les autres secteurs serait par conséquent celui qui encourage les activités créatrices, c'est à dire les métiers de chercheurs, d'artistes et d'inventeurs.
La question se pose alors de savoir si ce secteur est une destination finale de l’activité humaine ou s’il s’agit d’un mirage, d’une illusion de fin de l’histoire. Des chercheurs dans les laboratoires travaillent actuellement à la création de robots pour les hôpitaux qui puissent comprendre les émotions humaines et remplacer par exemple des employés dans le secteur médical. Seulement, soit la machine n’atteint pas le niveau de sensibilité d’un être humain et il ne peut concurrencer un individu, soit il le peut mais dans ce cas rien ne peut le distinguer d’un individu. Masuda parle grâce à cette transformation d’un passage des valeurs matérielles aux valeurs temporelles ( the information society as post-industrial society, world future society, 1981, page 74): «Pour l’Homme, la valeur temps se situe à un niveau plus élevé que les valeurs matérielles sur l’échelle des valeurs fondamentales de l’activité économique. Cela parce que la valeur temps correspond à la satisfaction des besoins humains et intellectuels, là où les valeurs matérielles correspondent à la satisfaction des besoins physiologiques et pratiques».
L’analyse généalogique à long terme montre que le travail naît avec la révolution industrielle et qu’il est une conséquence de la machine et de l’idéologie de la productivité que celle-ci engendre. Je ne développerai pas ici ces thèses que l’on retrouve dans les ouvrages de Gorz ou de Ellul. Je vais me concentrer sur l’évolution récente du travail en termes de secteurs d’aactivité.
L'ouvrage de Maurice Allais[1] donne une évolution quantitative des déplacements d'emplois (en milliers) par secteurs d'activité depuis 1955. Il insiste sur une césure en 1974 qui marque le début de la mondialisation :
Années
Agriculture
Industrie, bâtiment et génie civil exclus
Industrie génie civil et agricole
Tertiaire marchand
Tertiaire non-marchand
Total des valeurs absolues
1955-1974 (moyenne par année)
-144
52
33
157
44
Δ=410
1974-1992 (moyenne par année)
-61
-85
-23
154
67
Δ=390

Δ
P
δ=Δ/P
1955-1974
410
20242
2.025%
1974-1992
390
23851
1.635%
Comme l'écrit Maurice Allais[2], « le progrès technologique et les modifications de la structure de la demande impliquent des mutations du système productif qui ne peuvent se réaliser que progressivement par des changements d'emploi à l'intérieur de chaque profession et surtout de profession à profession. Il résulte de là que l'on peut prendre comme indice du progrès technologique dans une période donnée le rapport de la population active totale du montant global moyen des variations en valeur absolue de la population active dans les différents secteurs...On peut déduire de là que l'influence du progrès technologique a été sensiblement la même dans les deux périodes et qu'il a été au plus de l'ordre de 2.5% dans la seconde période comme dans la première. »
calculer l'indicateur en France et dans le monde après 1992
Dans le paragraphe suivant, le modèle de Maurice Allais est optimisé lorsque la corrélation entre le taux de sous-emploi observé et le taux de sous-emploi modélisé est optimal. Cette corrélation optimale R=0,9965 est obtenue pour D=1.4%.  Comme le taux de sous-emploi induit par le facteur technologique est proportionnel à δ, on obtient: D=1.4%=Cte*2,025% pour la période 1955-1974 et D=1.4%=Cte*1.635% pour la période 1974-1992.
Toutefois, il faut noter que la mesure du taux de sous-emploi induit par le progrès technologique est complexe à calculer et qu'il faudrait examiner les biais possibles dans cette analyse:
–        Multicolinéarité entre les facteurs du modèle (facteurs A, B, C, D paragraphe 7,8).
–        Le critère cité plus haut par Maurice Allais afin de mesurer le progrès technique est biaisé pour plusieurs raisons :
–        si un secteur d'activité devient prépondérant, comme c'est le cas des services aujourd'hui, alors le progrès technologique entrainera des variations d'emplois seulement à l'intérieur de ce secteur qui ne seront pas comptabilisées dans la meusre de Δ.
–        En valeur absolue, la population déplacée d'un secteur à l'autre est comptabilisée deux fois, c'est à dire dans le secteur d'où elle vient et dans le secteur où elle va.
–        La cause de ces déplacements sectoriels n'est pas exclusivement technologique puisqu'un autre facteur tel que le libre-échangisme peut aussi influencer des déplacements de la population active entre différents secteurs.
La thèse selon laquelle le progrès technique amène à la disparition de l’emploi est assez simple. Elle part du principe qu’à long terme l’automatisation permettra de produire l’ensemble des biens et des services nécessaires à la satisfaction des besoins humains en employant un nombre d’humains négligeable. Cependant cette thèse énoncée par des penseurs tels que Keynes, Friedman, ou Duboin a été réfuté par l’histoire depuis les révoltes de luddites et des canuts au début du XIXème siècle. La réfutation de cette thèse est la position économique orthodoxe aui trouve son origine dans la loi des débouchés formulée par Jean-Baptiste Say: «Un produit crée offre, dès cet instant, un débouché a d’autres produits, pour tout le montant de sa valeur.[…] Le fait seul de la formulation d’un produit ouvre, dès l’instant même, un débouché à d’autres produits.» Martin Ford critique les théoriciens qui font de cette loi expérimentale une loi théorique du même ordre qu’une loi physique. Sur le plan épistémologique Martin Ford a tort puisque comme le décrit Karl Popper, la science repose sur le principe de falsifiabilité, c’est-à-dire qu’une loi est supposée valide jusqu’à ce qu’elle soit contredite par l’expérience. Le problème revient donc à tenter de comprendre si cette loi tend à être contredite par les faits actuels et peut être formuler ainsi: le progrès technique crée-t-il autant ou plus d’emplois qu’il en détruit? Dans ce cas, il faudra alors analyser si cette contradiction est une contradiction générée à court et moyen terme par un ajustement de cycle économique ou s’il s’agit d’une tendance longue indépendante des cycles de Kondrieff et du processus de destruction créatrice de Schumpeter. Alfred Sauvy a clarifié cette relation de l’influence du progrès technique sur l’emploi en analysant le problème de la manière suivante. «Aucune question économique ne présente de contraste aussi frappant, ni de paradoxes aussi troublants. En schématisant à l’extrême:
- l’opinion quasi unanime, de tous temps et en tous lieux, a accusé la machine (et plus généralement le progrès technique) de créer du chômage, en supprimant des emplois ;
- l’observation des faits, dans les pays industriels, montre qu’il y a beaucoup plus d’emplois qu’avant la machine, beaucoup plus d’emplois aussi que dans les pays sans machine ;
- la science économique contemporaine évite la question, en la noyant dans le processus de croissance.»
Si cette thèse s’appuie largement sur les travaux de Sauvy, l’hypothèse selon laquelle la part des activités humaines remplaçables par la machine risque d’augmenter jusqu’à empêcher toute possibilité de déversement est peu abordée par Sauvy. Cet oubli relatif peut s’expliquer par le manque de recul de Sauvy concernant le potentiel de l’informatique. En effet, comme le rappelle Wassily Leontief, «le rôle des humains en tant que principal facteur de la production est condamné à diminuer, de la même manière que celui des chevaux dans la production agricole fut d’abord réduit, puis finalement éliminé par l’introduction des tracteurs. A cela il faut ajouter que la vitesse de remplacement de l’humain par la machine dépend évidemment du coût du travail. Or celui-ci a subi de très fortes pressions à la baisse ces dernières décennies à cause de la mondialisation mettant sur le marché du travail une masse considérable de travailleurs à bas coût. Mais ce frein à l’automatisation ne saurait durer puisque les pays à très forte démographie comme la Chine et l’Inde commencent eux aussi à pratiquer l’automatisation. Ainsi, alors que les médias mettent en avant la mondialisation comme cause principale et implicitement unique de la baisse des emplois, des économistes comme Paul Krugman pensent que «l’inquiétude, largement exprimée dans les années cinquante et soixante, que l’automatisation prendraient leurs emplois aux travailleurs de l’industrie est plus proche de la vérité que les prétentions actuelles à expliquer la perte des emplois par la concurrence étrangère. (Kurgman, trade, jobs and wages, scientific american, avril 1994, pages 46 /47).
Il reste à savoir comment étudier ce problème du lien entre le chômage et le progrès technique. Ainsi « Jacques Duboin constate qu’un symptôme essentiel consiste en l’augmentation simultanée de la production et du chômage dans une économie déterminée » (Jacques Duboin, les yeux ouverts). Ce critère est probablement le principal critère permettant de rendre compte d’une manière quantitative du lien entre le progrès technique et l’emploi.
8.    GENEALOGIE DE LA SOCIETE


9.    LA POLITIQUE
Si la situation est difficile, il faut éviter la tentation de l’abandon du politique qui est ce que recherche le système pour atomiser et amener les oppositions à la dépression. Je vais dans cette partie rappeler l’essence de la politique selon Julien Freund, l’intérêt de la philosophie de Wilber et ensuite dégager des possibilités concrètes d’actions.
- Le public et le privé.
- L’ami et l’ennemi.
Le quadrant subjectif singulier se développe par la méditation et l’augmentation du niveau de culture de chaque individu. C’est un travail sur soi qui a notamment été utilisé en Inde par Gandhi et Aurobindo. Ce travail développe le sens de l’empathie et donc de la justice et du bien commun. Il permet à l’individu de cerner ses propres automatismes de pensées ainsi que les idéologies qui l’empêchent de prendre du recul par rapport à son propre égo. La métaphore méditative la plus courante et la plus appropriée consiste à visualiser ses pensées et ses émotions et à les contempler sans se perdre en elles à la manière d’un homme qui regarderait défiler les nuages dans le ciel.
Le développement technologique n’est pas suffisamment avancé pour qu’une évolution technologique remplace l’évolution biologique en ce qui concerne le cerveau humain. Les progrès en terme d’alimentation, de médication et d’intelligence artificielle sont néanmoins les premiers signes de développement de ce quadrant. Les problèmes éthiques sont une autre question qui nécessitent aussi le développement des autres quadrants.
Ce quadrant correspond à la vision du monde. La lutte des intellectuels correspond à une lutte pour imposer leur vision du monde qui peut être plus ou moins élevée selon le développement des quadrants subjectifs individuels de ces intellectuels. Cette lutte pour imposer une idéologie, ou une superstructure dépend généralement de la maîtrise de l’infrastructure, c’est-à-dire du quadrant inférieur gauche.
La maîtrise du quadrant inférieur droit passe par la maîtrise des médias et d’internet. C’est aujourd’hui le principal facteur de changements dans le monde et c’est l’arrivée de l’internet qui permet à des personnes ayant développé leur vision du monde (quadrant supérieur gauche) de diffuser leurs idées au détriment du système de domination qui cherche à diffuser dans les médias plus traditionnels (télévision, journaux,…) les idéologies du système de domination afin de conserver son pouvoir.
-          Revenir aux faits et éviter les sophismes :
Aucun débat politique ne peut faire abstraction des idéologies. Néanmoins, il est possible d’éviter le niveau du débat en commençant au préalable de tout débat par se mettre d’accord sur un ensemble de faits qui ensuite seront interprétés suivant les idéologies. La seconde étape est de recenser et d’apprendre à distinguer les sophismes (livre de Schopenhauer à ce sujet) et de diffuser autant de perspectives d’informations que possibles comme c’est le cas avec internet pour que les individus développent es capacités de tri et de filtrage de l’information ainsi qu’une capacité d’analyser des perspectives multiples. Les sources d’informations permettant de remonter aux faits telles que wikisource constituent un moyen efficace de lutte contre l’idéologie.
-          Favoriser un plus haut degré de démocratie :
Le faible de degré de démocratie du système est la source de tous les maux d’une société. Il faut donc par tous les moyens possibles délégitimer la démocratie actuelle et favoriser la hausse du niveau démocratique. La démocratie doit aussi utiliser un principe local de subsidiarité. Les arguments avancés contre la démocratie directe par tirage au sort sont généralement l’incompétence des personnes tirées au sort. Cette mesure ne pourrait être appliquée de manière optimale qu’avec l’instauration d’un revenu de base. En effet, pour que le citoyen s’investisse dans la politique, il lui faut pouvoir subvenir à ses besoins et se prolonger dans le long terme. De plus, la transition vers une démocratie directe ne pourrait être que progressive, avec par exemple seulement 10% de citoyens tirés au sort pendant les premières années. La complexité n’est pas un grand problème puisque le peuple pourrait toujours faire appel à des commissions d’experts chargés de traiter les cas trop complexes et le principe de subsidiarité qui consiste à traiter au niveau local tout ce qui peut être traité à ce niveau permettrait de gérer les problèmes moins complexes au niveau local par les citoyens. A cela il faut ajouter que les élus qui dans l’idéal ne pourraient pas renouveler leur mandat posséderont généralement le savoir-faire pour former les citoyens et qu’il pourrait très bien y avoir des universités citoyennes destinées à former les citoyens tirés au sort. Mais surtout, la complexité est essentiellement artificielle et est destinée par un système de prédation de lobbying à orienter la richesse créée par les classes productives vers ces lobbys. Les citoyens pourraient alors réaliser la nature trompeuse de cette complexité et travailler à réduire cette complexité, ce qui serait d’autant plus bénéfique pour la société que les rentes de complexités artificielles diminueraient mais aussi que ces complexités créent des dangers systémiques (« L’effondrement des sociétés complexes » de Joseph Tainter).
-          La transparence :
Dans une société de guerriers, la violence est principalement physique. Dans une société bourgeoise, elle est économique et psychologique. Le fondement principal de cette violence est le secret. Il faut donc privilégier toutes les formes de transparence, incluant wikileaks. Je pense que wikileaks est un phénomène fondamental trop souvent relativisé et les dernières révélations de Snowden selon le principe de wikileaks témoignent encore de l’importance de cette démarche.
-          La solidarité et l’open-source :
La tradition du don décrite par Mauss (MAUSS) et plus récemment l’open-source sont autant de modèles qui attestent d’un besoin humain pour la collaboration qui s’amplifie avec le développement de l’individu suivant les quatre quadrants.
-          Le revenu de base :
Après la démocratie directe, le revenu de base est probablement l’outil le plus efficace pour lutter contre l’oligarchie. Il a aussi l’avantage de dépasser la fausse opposition libéralisme/socialisme afin de donner pour mission aux dirigeants d’augmenter le revenu de base en utilisant les deux leviers (le libéralisme pour créer la richesse te le socialisme pour la distribuer) dans un contexte plus efficace d’optimisation semblable à l’idée de la courbe Laffer pour la taxation.
-          Distinguer les métiers productifs des métiers improductifs :
L’accroissement de la part des activités destructives est liée au lobbying exercé par ces activités (finance, droit des affaires, publicité, environnement,…) afin de créer des complexités inutiles destinées à justifier l’existence de ces activités et à déplacer la richesse réelle créée par les activités productives vers ces activités. Si le revenu de base et surtout la démocratie directe permettraient de faire disparaître ce racket lorsque les citoyens en participant à la vie politique pourront se rendre compte de ce racket en élevant leur niveau de conscience politique, c’est aussi un devoir de la sphère publique de décider de l’orientation des forces productives d’une société. Il ne s’agit pas de basculer dans une économie dirigée puisqu’il ne s’agit pas de répondre à l’excès du marché par l’excès du dirigisme mais de trouver un équilibre entre les deux.
-          Réduire la complexité artificielle :
9.    LA QUESTION DU LUXE
10.          LE NEO-ESCLAVAGE DE LA SOCIETE DE SERVICE
La seconde intuition est celle qu’ont eue les luddites lorsqu’ils ont pensé que les machines allaient remplacer leur travail mais c’est aussi celle d’économistes tels que Keynes qui pensaient que les machines allaient remplacer le travail humain. C’est aussi une intuition que l’on a lorsque l’on se rend compte que l’homme travaille toujours autant en dépit du progrès technique et que de nombreux travaux semblent socialement peu utiles.
Mettre le faits dans une autre couleur pour les distinguer des raisonnements

[1]Maurice Allais, Combats pour l'Europe, tableaux II-A et II-B pages 496-499.
[2]Maurice Allais, La Mondialisation... page 478

2.1.Le point oméga de cet essai

2.2.Epistémologie.

2.3.Ontologie.

 

8.1.Un enchevêtrement complexe

8.2.L’idéologie de l’erreur des luddites

8.3.L’esclavage et la mondialisation comme freins au développement technique

8.4.La sacralisation de la technique selon Ellul

8.4. La honte prométhéenne selon Anders

8.5. La robotisation de l’homme et l’eugénisme moderne

8.6. L’inadaptation de l’homme selon Gehlen

8.7. La mondialisation en tant que frein dans le processus général d’automatisation

4.1. La servitude doit être volontaire, c’est-à-dire dans la conscience même de l’être humain oppressé.

4.2. L’idéologie de la dichotomie binaire et de l’absence d’alternative (TINA).

 4.2. L’idéologie du travail.

 4.3. La méritocratie justifie les inégalités.

4.4. L’opposition liberté (libéralisme) / égalité (socialisme), ou l’oubli de la fraternité.

 4.5. Le darwinisme social.

4.6. La psychologisation de la rébellion par la critique psychologique et la camisole chimique.

4.7. Créer un climat de peur.

4.8. Diviser pour mieux régner.

4.9. Immigration.

4.10. Contrôler le système de l’argent et l’impôt :

4.11. Libéralisme et libertarisme.

4.12. Société de services.

4.13. L’esclavage par la dette.

4.14. L’idéologie du travail.

4.15. Capitalisme productif et capitalisme parasitaire.

4.16. L’idéologie de la démocratie représentative.

4.17. L’idéologie de la consommation

4.18. L’idéologie  du luxe

4.19. L’idéologie du divertissement

 

4.18. L’idéologie du complot.

5.1.Démocratie représentative et démocratie directe.

5.2.La corrélation du chômage et de l’inégalité

5.3.La complexité

5.4.L’opposition du local et de l’universel.

5.5.Le vol des citoyens par le lobbying.

5.6.Le phénomène de prédation

5.7.lobbying bancaire

5.8.L’obsolescence programmée

6.1.L’évolution de la répartition des richesses

6.2. Le luxe

7.1. Analyse structurelle

-          Le secteur primaire :

-          Le secteur tertiaire :

-          Le secteur quaternaire :

7.2. Analyse généalogique du travail

7.3. L’automatisation et le chômage

9.1.L’essence de la politique

9.2. L’approche politique selon Wilber

 

-          Le quadrant supérieur gauche:

-          Le quadrant supérieur droit :

-          Le quadrant inférieur gauche :

-          Le quadrant inférieur droit :

9.5. Les solutions politiques à explorer

9.1.La polémique de Voltaire et Rousseau